Sixième jour à Cannes
Les journées se suivent et ne se ressemblent pas !
Au programme aujourd'hui, rencontre avec le producteur Christophe Rossignon, visionnage du film suédois "Involontaires", présence dans le public du grand journal (avec la sublime Monica Belluci, Gilles Gabriel alias Alain Chabat, Julien Doré, Eva Herzigova, Judith Godrèche et Elsa Pataki), cinéma de la plage avec la projection du film "Je suis un évadé" de Melvyn Leroy dans un transat face à la mer et fin de soirée incroyable (je ne dirais pas où !) avec quelques jeunes di Prix de la Jeunesse à boirze un verre à côté d'une table composée de Jude Law, Salma Hayek, Sean Penn, Alfonso Cuaron, Walter Salles et Emir Kusturica ! Très honoré Jude d'avoir vu te serre la main !
Quelques papiers (précisions : je l'ai écrit en rentrant à l'hotel entre 3H et 4H du matin donc difficile d'être très productif !)
La GENIALE conférence de Christophe Rossignon (producteur) :
Christophe Rossignon (à gauche)
Christophe Rossignon : un producteur libre et éclectique
A la maison des associations de Cannes, les 60 jeunes sélectionnés par le ministère de la Jeunesse pour le Prix de la jeunesse ont eu la chance de dialoguer avec Christophe Rossignon, le producteur à succès de La Haine, Irréversible, Une hirondelle a fait le Printemps ou Je vais bien, ne t’en fais pas. Sans faux-semblant et avec beaucoup de générosité, il s’est livré à une explication de son métier, dont le grand public ignore souvent en quoi il consiste. Son parcours a fait rêver la jeune assistance qui se tenait devant lui et qui n’a pas hésité à lui poser les questions qu’ils avaient sur le cœur.
Des lunettes noires fumées pour éviter d’être aveuglé par les projecteurs, voilà peut-être le seul indice qui laisserait penser que Christophe Rossignon est quelqu’un qui appartient au monde du cinéma. Et c’est peu dire qu’il l’est. Nabab de Mathieu Kassovitz ou Gaspard Noé, il a su mettre à profit ses qualités relationnelles et sa passion pour le 7ème Art en devenant producteur. Récompensé par le Prix de la jeunesse il y a plusieurs années avec « L’odeur de la papaye verte », il a répondu présent avec un plaisir non-dissimulé à cette rencontre qui le confrontait aux jeunes représentants la nouvelle génération du cinéma.
Son métier n’est pas simple à définir. Christophe Rossignon s’explique : « On ne peut ignorer l’aspect business. Dans un film, il y a beaucoup d’argent en jeu. La culture ne peut pas être gratuite ! » Au-delà de l’aspect financier s’ajoute également une part artistique. Un producteur doit accompagner le projet du réalisateur, « véritable conteur d’histoire ». Une complicité doit naître entre un producteur et son réalisateur. « Le producteur doit avoir le recul nécessaire pour faire avancer le travail du réalisateur ».
Christophe Rossignon ne se cache pas non plus d’être un chef d’entreprise. « J’ai neuf salariés avec moi ». Le producteur a un rôle de la naissance du projet jusqu’à sa sortie en salle. Il doit promouvoir ses long-métrages pour les faire exister parmi l’encombrement des films en France (près de 15 sorties hebdomadaires sur l’hexagone).
Je fais les films que je veux
Pour le producteur de « Azur et Asmar », une chose est primordiale dans son métier : « la liberté ». Le jour où il ne l’aura plus, il arrêtera. Christophe Rossignon dit n’agir que sur des coups de cœurs. Tout est instinctif. Le cultissime « La Haine » en est l’exemple type. Le film est né du fruit d’un fait divers, d’une réaction sur le vif. L’écriture et le tournage se sont fait dans la foulée. Il en résulte une œuvre qui a bercé toute une génération et qui fait figure de référence en tant que film dit « social et politique ». Des mots que Christophe Rossignon revendique, mais dont il veut faire comprendre qu’ils ne sont pas le moteur de ses envies. « Dans un film, on y retrouve mes goûts et mes couleurs, mais aussi mes limites. J’aime aussi faire du divertissement et de la comédie ! Je ne fais pas de film de société, je produis avant tout du cinéma ».
Un film également incontournable de part la polémique que sa sortie avait généré lors de sa présentation à Cannes, « Irréversible » de Gaspard Noé. « Tout le monde me disait que j’allais droit dans le mur avec ce film, mais moi j’adore qu’on me dise ça ! » La scène insoutenable du viol de dix minutes à la fin du film a été l’objet de longues conversations en le réalisateur et son producteur. Gaspard Noé l’a voulait ainsi, car c’est un événement qui le touchait personnellement. Sa sœur avait elle-aussi été victime d’un viol. Pour Christophe Rossignon, il était dès lors impensable de ne pas accompagner ce réalisateur controversé dans sa démarche.
Le producteur est l’intermédiaire incontournable pour les jeunes réalisateurs. Rossignon avoue à regrets que produire des premiers films n’est plus de son ressort. Il multiplie les projets et se doit même de refuser des films de Audiard, faute de temps. Toutefois, il donne un conseil à ceux qui leur en demandent un : « N’écoutez jamais les conseils ! » Voilà qui à le mérite d’être clair. De même quand on lui demande de parler de son expérience qui pourrait servir aux jeunes passionnés de cinéma, il ressort une formule qu’il apprécie : « L’expérience est un parapluie qui n’abrite que celui qui le porte ». En clair, chacun doit avoir le sien et se nourrir des échecs qu’il subit. Pour réussir quand on est un jeune réalisateur, il faut se trouver un complice qui a les mêmes envies que soi. La tâche est ardue, mais le modèle de réussite de Christophe Rossignon peut laisser des espoirs à ceux qui un jour voudront se faire leurs films. Et pas seulement en rêve.
Critique de "Involontaire" :
De ofriviligia (Involontaires) de Robert Oslund. Long-métrage suédois présenté dans la catégorie Un Certain regard et sélectionné dans la catégorie de la caméra d’or, « Involontaires » est un film chorale qui raconte les dérapages que rencontrent avant l’été pléthore de personnages. Leffe, par exemple, aime jouer l’imbécile pour ses amis et faire des blagues salaces, notamment quand il a bu. A l’école, une maîtresse est trop zélée : elle trouve que ses collègues ont besoin d’un peu d’instruction. Et puis il y a ces deux adolescentes qui aiment faire des photos sexy et faire la fête.
Prenant le parti pris de traiter ses différentes scènes avec légèreté et humour, le jeune réalisateur suédois se fait le conteur de vies qui basculent dans les limites et les excès du politiquement correcte. Dire que Robert Oslund dresse un tableau de ses personnages n’est pas se tromper. A double titre, en effet, puisque toutes ses scènes sont des plans séquences où la caméra reste immobile. Et le pari de cette mise en scène est réussi. Elle apporte une sensation de voyeurisme pudique qui plonge le spectateur dans le film et l’implique directement dans l’histoire. Il y a une part de mystère, une envie de voir ce qui se passe au-delà du champs de la caméra qui intrigue et nous identifie tout de suite à la personnalité des acteurs de ce théâtre de vie. Malgré un intérêt inégal pour certains personnages (toutes les scènes, où le père de famille blessé à l’œil par un artifice apparaît, sont d’une inutilité exemplaire), le film réussit néanmoins à maintenir une attention quasi-constante. Peu de temps morts, beaucoup d’humour distillé savamment ici et là, des comédiens impliqués et appliqués. « Involontaires » est une jolie découverte de ce que le cinéma suédois peu apporter.
Note : 7,5/10
Au grand journal, Michel Denisot et Ariane Massent-Frederic Beigberder (de dos)
Les cinemas de la plage
Quelques compagnons du Prix de la Jeunesse... Et pas loin de là, Sean Jude, Salma, Emir et les autres...